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Les nouveaux maitres de l'horreur

Jordan Peele

Get Out : N'ayez pas peur d'en rire

En 2017 un film fait grande impression et place un nouveau réalisateur sur la carte. Premier film de Jordan Peele “Get out” reçoit un incroyable accueil auprès de la critique, qui loue la satire sociale qui s’en dégage, mais il attire aussi le public en salle avec un box office mondial de 255 millions de dollars pour un budget de 4,5 millions de dollars.

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crédit photo : La sueur

Pour son premier film, Jordan Peele s’attaque directement à un sujet de société. En effet le film raconte la présentation de Chris, jeune homme noir, à la famille de sa copine Rose, des blancs bourgeois. Peele utilise intelligemment les codes du thriller horrifique pour nous partager sa vision et ses angoisses sur ce sujet important qui lui tient à coeur. Il arrive ainsi à traiter son sujet tout en nous servant un film tendu et surtout divertissant.

 

Au delà de cette dimension sociale “Get out” a été vendu comme un véritable film d’horreur alors qu’il joue en réalité sur beaucoup de tons différents. Peele est en réalité un homme qui vient de la comédie, reconnu pour la série TV humoristique “Key and Peele”. De plus son premier scénario de cinéma est celui de “Keanu”, un film dans lequel il va affronter un gang pour sauver un chat gangster. Intéressant donc de le voir arriver avec une première réalisation horrifique au cinéma, genre qu’il ne lâchera d’ailleurs pas pour son second film “Us”. Et c’est ainsi que Jordan Peele entre étonnement dans le clan des nouveaux maîtres de l’horreur.

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crédit photo : Jordan Peele, Cinémaclubfr

En ce sens “Get out” est un véritable film d’auteur, car on sent que derrière ce film qui répond aux codes du genre se cache Jordan Peele, humoriste afro américain. Et il remplit bien les charges du film d’horreur, jump scare et musique angoissante sont de la partie et il se permet même sur la fin à lorgner légèrement vers le film gore avec une scène d’opération que l’on aurait pu retrouver au début de “Saw IV”. Mais toujours l’humour est là, sous jacent, comme si l’absurdité du monde réel rattrapait la fiction.

 

Le personnage de Rod, meilleur ami du personnage principal, est pour cela un des plus intéressants. Celui ci semble presque être le reflet du réalisateur, il regarde le piège se refermer sur le personnage principal et tente de l’y sortir avec comme arme l’humour face à l’horreur. Il vient donc apporter une touche plus légère au film, le bol d’air qui nous fait sortir de cette maison de l’enfer. Mais surtout il vient toujours souligner l’absurdité de la situation, il agit de manière presque prophétique, ses blagues et conseils semblent toujours démesurés et pourtant le film ne cesse de les réaliser (“don't go to a white girl's parents' house”/”Ne vas pas chez les parents d’une fille blanche”).

 

“Get out” vient s’inscrire dans un univers proche de celui que l’on peut retrouver dans la série ”Atlanta”. Avec toujours des situations qui soulignent les écarts de classes et les problèmes raciaux que traverse encore l’amérique. Traitées de façon décalé pour mieux souligner les aberrations de cette société. On retrouve d’ailleurs dans le générique de “Get out” le son “Redbone”de Childish Gambino, créateur de la série Atlanta. On retrouve aussi le génialissime acteur Lakeith Stanfield, hilarant Darius dans “Atlanta”, interpretant Andre Hayworth le noir devenu blanc dans “Get out”.

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crédit photo: poster Atlanta, pinterest

Ces personnages se font, chacun à leur façon, le reflet de notre société et ils sont interprétés avec brio par les différents comédiens. Et c’est d’autant plus dur qu’il s’agit principalement d’un film d’ambiance, on sent que quelque chose d’étrange plane au dessus de cette maison sans jamais vraiment savoir pourquoi. À la manière du personnage principal on attend le moment du dérapage, inévitable. Et dans ce rôle, la prestation de Daniel Kaluuya est tout bonnement incroyable, on lit dans sa tête comme dans un livre, il dit “oui” et on entend le “non” qui résonne en lui. Et c’est là le propre des grands acteurs, nous faire sentir ce qu’ils ne peuvent pas dire.

 

“Get out” est donc un hybride qui nous prouve que le cinéma d’horreur peut aussi se libérer des “chaînes” de son genre, qu’il peut parfois nous faire rire, parfois nous faire passer un message et toujours nous faire peur. Surement déjà le chef d’oeuvre de son auteur qui aura eu du mal à faire aussi bien avec son deuxième film “Us”. Mais nous ne doutons pas que Jordan Peele a encore beaucoup à nous donner puisqu’il est le scénariste de “Candyman” bientôt dans nos salles et qu’il est producteur, scénariste et narrateur de la nouvelle version de la série fantastique culte  “The twilight zone”. Jordan Peele a donc clairement axé sa carrière vers le film de genre avec toujours, on l'espère, cette volonté d’y mélanger les tons.

H.B

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