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Interview FUXIS, un jeune et prometteur dj

le 14/09/2020 par c-A

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Credit photo :  Fuxis page facebook

On l’avait présenté lors du premier numéro de Tech’mois comme l’un des DJ à suivre et vu qu’il est bourré de talent, on est allé à sa rencontre pour discuter de ses projets, de sa vision de la techno, de la free party et de ses artistes favoris… Interview avec Fuxis !

Notes Urbaines : Peux-tu te présenter ?

 

Fuxis : Martin, 21 ans, je fais parti de BR Soundsystem et je mixe pour des soirées associatives, privées, ainsi que des free party. 

 

N.U. : Qu’est ce qui t’as amené à être DJ ?

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F : J’ai commencé à mixer en avril 2018 après m'être intéressé longtemps à la musique électronique. À la base j’écoutais plus du rap, mais les boites de nuit qui passaient cette musique ne me correspondaient pas alors j’ai préféré sortir dans les enseignes techno comme le Glazart, Nuits Fauves. De plus à la fac, les DJ mixant de la techno n'étaient pas très bon ce qui m’a poussé à me lancer. Étant moi-même fan de musique, ça me faisait plaisir de passer mes musiques, celle que j’ai choisi et de faire kiffer mes potes.

 

De plus deux potes (David Riboh et Hugo Averty) m’ont beaucoup aidé et appris quand j’ai débuté. 

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N.U : Donnes moi ta définition d’un bon DJ ? 

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F : C’est beaucoup de travail en amont. Il doit toujours dénicher des bonnes pépites, faire un set évolutif, changer de BPM. Il faut aussi trouver  comment s’inscrire dans le thème de la soirée tout en faisant plaisir au public. En tant que DJ j’essaie toujours d'apprendre et je demande l’avis de mes potes pour me remettre en question afin de me renouveler et de m'améliorer.  

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N.U. : Comment trouves-tu tes sons ? 

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F : J’ai la chance d’avoir un groupe de potes qui écoutent beaucoup de house, techno, deep house. De mon coté pour digger j’utilise Soundcloud, les groupes facebook où il y a pas mal de partages de vidéos et de sons. Parfois je demande la track id pour continuer à avoir toujours de nouveaux morceaux. 

 

N.U. : Pourrais-tu définir ton style musical ?  

 

F : Je joue en soirée de fac et en free, deux mondes différents. En soirée étudiante, je mixe plus de la house, techno, voire de l’indus. Exemple à la Hariboom 2 en 2019, j’ai commencé mon set par du Hippo pitcher à 130 bpm, puis continué sur du Mayeul & JKS avec Triangulation Hill et finis sur du KRTM. J’essaye toujours de débuter par des choses plus accessibles drumcode, techno et d'avoir une évolution progressive dans mes sets. Et en free party je joue majoritairement de la techno indus/Hardcore et de la Tribe/Mental Core.

N.U. : Actuellement, quels sont les DJ qui t’inspirent ? 

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F : Je vais te les citer mais il n’y a pas vraiment d’ordre : TEKSA, pour la tribecore et mental core (160-180 BPM), ANOTR pour la house, tech-house, NTBR, le dj de l’année et le gars qui monte en ce moment dans la techno, NICO MORENO vraiment de la boucherie dans l’indus, et le dernier LUCASS P pour le délire hard techno. 

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N.U. : Quelle est la particularité de passer de public à DJ en free party ? 

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F : J’avais beaucoup d’à priori dessus, j’ai mis 2 ans à y aller entre ma première soirée techno et ma première free. J’en avais un peu marre de terminer des soirées à 6h parce que je voulais continuer à écouter du son et à me poser. J’avais envie d’avoir un moment à moi pendant un week-end et d'oublier un peu les problèmes de la vie. T'as zéro restriction en free, t’es vraiment libre. Tout le monde vient avec un bon esprit pour faire la fête. Tu peux te poser à la différence des soirées sur Paris où les coins chill sont presque inexistants. 

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(...) Tu n’as pas le temps de profiter avec les horaires des boîtes, c’est une des raisons qui m’a poussé à créer mon propre soundsystem. Personne ne danse toute la soirée donc tu peux te poser ou te balader dans les champs. 

 

(...) En fonction des soundsystem, les teufs ne sont jamais organisées de la même manière. Après l’avantage, c’est que tu as le choix d’avoir tel ou tel style et ainsi faire ton propre catalogue lors de la soirée au contraire de la warehouse où tu vas être limité à une scène voir deux. 

 

N.U. : Comment prépares-tu un set ? 

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F : Pour un set, je prévois seulement l’intro et l’outro. J’aime quand même me laisser beaucoup de liberté quant aux morceaux que je vais jouer même si je réalise une petite pré sélection en fonction de la soirée. Avant le début d’un set, c’est assez important de savoir à quel bpm va terminer le DJ qui me précède pour que je puisse me caler sur lui afin d’assurer une bonne transition. 

 

J’aime aussi m’adapter au public. Ça m'est déjà arrivé de laisser des morceaux 30 secondes et de les changer quand j’ai vu le public se déchauffer. Les free mais surtout mes premières soirées de fac m’ont permis de gagner en compréhension du public. Au fur et à mesure, j’ai pu finalement trouvé leur style et le mien. 

 

N.U. : Quelle vision as-tu du monde techno parisien ?

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F : Je pense que beaucoup de gens en ont eu assez du délire boite de nuit classique et ont voulu chercher autre chose comme j’ai pu le faire avec la free. La plupart des personnes veulent juste faire leur petite soirée tranquille en warehouse et après rentrer chez eux contrairement à la teuf où tu viens pour un week-end dans une ambiance plus conviviale selon moi. 

(...) L’idéal serait de faire des soirées avec des artistes différents pour avoir une vraie progression au niveau musical. 

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N.U. : Quelle est ta line up de rêve ?

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F : Je ferai une soirée sur 24h où je commencerai à 15-16h pour pouvoir danser un peu durant la journée. Dans l’ordre : Demuja (house), ANOTR (tech-house), NTBR (techno, acid), I Hate Models (techno indus), MOTH (techno), Jacidorex (neoacid), Teksa (tribe), Mezigue (house). 

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Credit photo : Fuxis facebook

N.U. : As-tu des projets à venir pour la suite ?  

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F : Avec BR Soundsystem, on veut toujours essayer de poser du son dans des teufs même si le covid nous a stoppé, de plus on voudrait aussi se mettre dans le milieu de la sonorisation soirée électroniques et évènements culturels (expo). L’objectif est réellement d’amener le plaisir et les émotions que procurent la musique dans tous les milieux possibles. 

 

On a aussi pour idée de faire un collectif avec d’autres sound systems tout en défendant les valeurs de la teuf, la fête libre pour tout le monde. On est tous des passionnés de la teuf avec un esprit familial et de partage. 

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N.U. : Comment définirais-tu la techno ?

 

F : La culture techno pour moi se rejoint avec celle de la free party même s’il existe deux côtés : l’un techno, pouvant ressembler à possession, fée croquer et autres collectifs parisiens ; l’autre tekno, étant plus affilié aux teufs. En teuf ils sont beaucoup plus préparés : stand de réduction de risques, coins chill, personnes plus conviviales… 

 

N.U. : Quelle est la difficulté de préparer des soirées à Paris ?

 

F : L’État laisse peu de libertés aux organisations dans le sens où ces dernières devraient pouvoir inspecter au préalable les sites/lieux et prévenir des risques en délimitant la zone ; or avec les restrictions actuelles, il est difficile de faire ce travail en amont, ce qui engendre pas mal de soucis en direct.

 

Exemple à une Possession dans un conforama l’année dernière, il y avait encore des vis dans le sol, avec une autorisation, il y aurait une réduction de ses risques et peut-être la mise en place de vrais coins chills.(...) C’est des petits détails qui font que les gens vont vraiment kiffer leur soirée. (...) Après les gens se satisfont de très peu mais tant que des gens iront à ce type de soirée où le confort du client est délaissé, je pense que rien ne changera. 

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N.U. : Quelles sont les différences entre la culture techno en France et celle des autres pays européens ?

 

F : Le monde de la techno en France a encore tellement à progresser, quand tu regardes à l’étranger dans les pays de l’est ce qui ce fait, ça n’a rien à voir. Les teknivals sont légaux et ils donnent les points GPS sur facebook alors qu’en France si tu les donnes, les policiers seront sur le site de la free party très vite. Le seul point positif aux policiers, ils permettent d’éviter les accidents de la route. En Hollande, ils ont cette culture techno, j’ai déjà vu des vidéos de policiers danser sur de la hardcore. (...) 

 

En France on a toujours d'énormes talents (football, musique électronique, littérature), mais le français de base va toujours te critiquer, juger, ce qui ne fonctionne pas avec le monde de la techno. En Allemagne, mais spécialement à Berlin, la techno est vraiment ancrée dans la culture de la ville à la différence de Paris. Peut-être c’est l’une des raisons pour laquelle le public parisien n’a pas l’habitude de sortir de sa zone de confort.

 

À Paris, je pense que progressivement la techno va exploser, les gens ont besoin de sortir et on l’a vu avec le covid. Les seuls évents qui ont marché, ce sont les events techno comme les free à Vincennes, Possession, Fée Croquée, Border City. (...) 

 

N.U. : Quelle a été ta volonté d’avoir ton propre soundsystem ?

 

F : J’ai aussi créé mon soundsystem pour pouvoir faire évoluer ce mouvement et donner encore plus envie de faire la fête tout en faisant changer les mentalités. Je pense que beaucoup de personnes sont dans mon cas et sont légèrement frustrées des soirées existantes, mais le problème est que peu de personnes se lancent pour créer leurs organisations. Je voulais arrêter de critiquer et pouvoir faire mon propre truc même si je n’ai pas la prétention d'être le meilleur orga. 

 

À mon échelle si je peux déjà réaliser des soirées et faire comprendre les valeurs de la fête libre, alors le pari est déjà gagné. En organisant une teuf, je me fais plaisir et j’en procure à mes potes, aux gens que je ne connais pas. La culture de la musique c’est le partage, voir des personnes kiffer c'est un bonheur inimaginable.  

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Credit photo : BR SoundSystem Facebook

N.U. : Qu’est ce qui t’as poussé à créer ta musique ? 

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F : Partager ce que tu kiffes. Grâce à l’explosion d’internet, tu peux vraiment te lancer dans ce que tu veux. Il y a beaucoup de personnes qui apprécient la musique et le monde de la fête, mais qui ne se lanceront jamais dedans. Parfois on peut voir en toi une source d’inspiration et ceci donne beaucoup de force car l’objectif de donner aux gens l'envie de faire la fête aura été rempli. 

 

N.U. : Pour la fin, as-tu un artiste et un son à conseiller ?

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F : NTBR pour l’artiste à suivre et mon son est Teksa - Subztance (metalcore qui finit sur la hardstyle), un son qui casse des bouches. 

 

N.U. : Dernière question, tu te mettrais combien comme note pour l’interview ? 

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F : Im geiste (en esprit) sur 10.

A voir aussi : Tech'mois #1

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