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Le p’tit film #5

Mad love in New-York

Auteurs du phénoménal Good Time en 2017 ou plus récemment du très réussi Uncut Gems avec Adam Sandler, les frères Safdie se font petit à petit une place de marque dans le panorama du cinéma américain. Mad Love in New York (“Heaven knows what” comme titre original), sorti en 2014, est leur quatrième long-métrage et vient confirmer l’incroyable talent de Josh et Benjamin Safdie.

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Crédit photo : letterbox

Il fallait bien choisir un film du duo pour vous parler de l’avenir du cinéma New Yorkais et de l’influence qu’il risque d’avoir prochainement sur le reste du monde. Très attachés à leur ville, les frères Safdie nous baladent dans leur Big Apple à travers des voyages iconiques à l’esthétique marquée et au rythme foudroyant. Nous parlerons ici de Mad Love In New York mais nous vous conseillons l’intégrale de la filmographie des deux frères tant et pour tout qu’il n’y a rien à jeter.

 

Malgré leur précocité (36 ans pour Josh et 34 pour Bennie), les frères Safdie font preuve d’une grande maturité dans l’exercice de leurs fonctions : tous les deux réalisateurs et scénaristes, Josh s’occupe parfois de l’image, de jouer et de produire tandis que Bennie est constamment au montage et apparaît parfois à l’écran comme dans Good Time. Maîtres des différentes phases d’écriture du film, ils démontrent avec justesse leur savoir faire et leur sensibilité.

 

Mad love in New York reste certainement l’oeuvre la plus déchirante de leur filmographie. Dénué d’humour, le film montre le quotidien de Harley, une toxicomane au caractère prononcé qui ère dans la ville de New York. Prête à tout pour une dose et prouver son amour pour Iliya, Harley nous transporte dans son voyage dévastateur parsemé d'embûches et de violence.

Dès les premières secondes du film, la musique ésotérique nous fait réaliser que les 1h37 de visionnage seront intenses. Intriguant par son aspect, le film nous dévoile le quotidien d’une classe sociale souvent marginalisée. On connait tous Requiem For a Dream ou encore Trainspotting qui dresse le tableau de ces jeunes toxicomanes détacher de la réalité du monde mais Mad Love in New York, par sa mise en scène et sa dramaturgie sans véritable fil rouge, nous ancre bien plus dans le réel et la dépendance de ces jeunes gens. 

 

Le film est d’autant plus bouleversant lorsque l’on apprend lors du générique qu’il est inspiré par le roman autobiographique de Arielle Holmes, ancienne toxicomane et actrice principale du long métrage. Accompagnée par l’énigmatique Caleb Landry Jones (cantonné aux rôles détestables comme dans Get Out ou 3 billboard) qui joue son petit ami métalleux, le couple nous transporte dans leur relation toxique rythmée par leur consommation de crack et d'héroïne. 

 

La mise en scène participe à la transparence du discours et à relever cet aspect réaliste qui nous accompagne tout le long du film. La caméra est la plupart du temps portée à l’épaule, derrière Harley qui nous fait visiter les travers d’un New York glacial ; les gros plans sur les visages sont nombreux et mettent en valeur la déchéance des personnages marqués par la drogue ; la musique omniprésente et parfois surpuissante nous invite à s’évader en compagnie de cette bande à la fois soudée mais extrêmement fragile. Comme à leur habitude, les frères Safdie optent pour une réalisation simple et efficace où les personnages sont constamment en mouvement mais jamais maîtres de leur actions.

 

Présenté à la mostra de Venise en 2014, une énième sélection pour la filmographie des deux frères, le film connaîtra malheureusement un faible succès auprès du box office. Malgré la reconnaissance critique, le film n’attirera qu’environ 3000 spectateurs en France et réalisera près de 85 000 $ de recettes dans le monde. Un petit film devenu grand, comme le deviendra (on leur souhaite profondément), la carrière des Safdie.

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